France 3 Paris Ile-de-France
Le match entre les deux frères ennemis de droite aura tourné court. Pierre-Christophe Baguet, le maire (UMP) sortant de Boulogne-BIllancourt (Hauts-de-Seine) a bien failli passer dès le premier tour avec 48,76 % des suffrages.
Pierre-Mathieu Duhamel, son prédecesseur à la mairie obtient un score très éloigné de son rival (27,91 %). L’élection de ce dimanche donne en partie raison à Pierre-Christophe Baguet. Il confiait encore en milieu de semaine croire en sa réélection sans avoir besoin d’un deuxième vote. Il devra s’y plier, mais son écrasante avance ne laisse guère planer le suspense. «Il n’y a pas eu photo, jubile-t-il après avoir proclamé les résultats vers 21 h 30 devant ses partisans chantant «Baguet ! Baguet !…» L’édile affiche le visage radieux du vainqueur. «Ce résultat valide l’importance de la présence sur le terrain quand d’autres ont privilégié le défilé des inspecteurs des finances, ironise-t-il. La semaine prochaine, on va faire encore mieux.»
Ses supporters savourent l’inéluctable victoire autour du buffet dressé dans les salons d’honneur de l’hôtel de ville. En revanche, les soutiens de Pierre-Mathieu Duhamel (divers droite) et de Pierre Gaborit (PS) encaissent difficilement. «Je pensais qu’on dépasserait les 30 %, le résultat me déçoit», reconnaît Jean-Pierre Fourcade, l’ancien maire qui a appuyé Pierre-Mathieu Duhamel. Son dauphin désigné n’a pas fait d’apparition à la mairie et a quitté son QG de campagne avant 22 heures. «Il réunit moins de voix que moi en 2008», s’étonne Jean-Pierre Fourcade, désormais retraité de la politique.
«Le contexte national a pesé, analyse Thierry Solère, le député (UMP), autre appui de Pierre-Mathieu Duhamel. Les Boulonnais ont voté pour le candidat investi par l’UMP.» Pierre-Mathieu Duhamel ne répondra sans doute pas à la proposition vacharde de Pierre-Christophe Baguet. Ce dernier demande à son meilleur ennemi de se désister en sa faveur au deuxième tour. «Cela serait un geste républicain de sa part», ose Pierre-Christophe Baguet. «Pourquoi ferait-il cela ?, interroge Thierre Solère. Les électeurs ont placé Pierre-Mathieu Duhamel au deuxième tour.»
Pierre Gaborit, le chef de file socialiste, n’a guère traîné dans les couloirs de la mairie. «J’ai connu des meilleurs moments, sourit-il tristement. Je me maintiens bien évidemment au deuxième tour.» Son faible score fait craindre le pire à ses alliés écologistes. «Nous risquons de nous retrouver une nouvelle fois sans élu au conseil municipal», s’inquiète Sébastien Scognamiglio. Le responsable d’Europe Ecologie – Les Verts espère capter les bulletins des électeurs du Front de gauche. «Nous nous réunissons ce lundi et nous déciderons démocratiquement de la position à tenir», annonce Isabelle Goïtia (FdG).
La deuxième ville d’Ile-de-France se révèle décidément peu favorable aux extrêmes. Le Front national progresse très timidement par rapport aux législatives. «Notre investissement important ces derniers mois n’a pa eu de répercussion dans les urnes, déplore Julien Dufour. Je retiens en tout cas que nous avons changé l’image du FN à Boulogne-Billancourt.» Va-t-il appeler ses troupes à voter Baguet ou Duhamel dans six jours ? «Il y a tellement d’écart que ça ne présente aucun intérêt», souffle-t-il.
Le Parisien
Jérôme Bernatas | Publié le 23.03.2014, 08h00 | Mise à jour : 24.03.2014, 00h17