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Le dimanche des quatre papes
Donnant et commentant ces chiffres lors d’une conférence de presse (23 avril), Mons. Liberio Andreatta, vice président de l’Œuvre romaine des pèlerinages (Orp), a insisté sur le caractère exceptionnel de cet événement : « c’est la première fois dans l’histoire de l’Eglise que deux papes sont canonisés en présence de… deux papes qui les ont connus ! » Un commentaire qui laisse supposer que le pape émérite participera lui aussi à la cérémonie…
Jean XXIII (1881-1963)
Le fils d’une pauvre famille de paysans italiens, devenu prêtre, évêque, nonce apostolique, cardinal, pape, bienheureux puis saint ! Une telle trajectoire pourrait faire penser qu’Angelo Roncalli était un ambitieux. Ce qui constituerait un contresens total !
Encore séminariste à Rome, le futur saint Jean XXIII écrit, dès 1903, cette phrase explicite : « Je serai ce que le Seigneur voudra que je sois. » Cet abandon quotidien à la volonté divine se retrouve dans la devise épiscopale que Mgr Roncalli se choisit en 1925 : « Obéissance et paix. »
Obéissance, en acceptant toutes les missions que l’Église allait lui confier, même les plus déconcertantes, à l’image de sa nomination comme représentant du Saint-Siège dans la très orthodoxe Bulgarie ! En se laissant ainsi guider par l’Esprit Saint, en n’ayant « nul souci de postes, de carrière, de distinctions », Angelo Roncalli parvint à trouver la paix intérieure, paix qu’il sut répandre autour de lui.
Le « bon pape Jean » qui, de son vivant, avait conquis les coeurs par son humilité et sa simplicité, a donné aux croyants l’exemple d’une vie de foi aboutie. Il a posé des actes forts (convocation du concile Vatican II, initiatives oecuméniques, rapprochement avec les frères juifs, exhortations à la justice sociale et à la paix entre les nations) qui ont irrigué – et irriguent encore – la mission de l’Église.
Jean-Paul II (1920-2005)
« N’ayez pas peur ! » : Karol Wojtyla, élu pape en 1978 à 58 ans, avait donné le leitmotiv de son pontificat. C’est un pasteur doté d’un grand charisme qui prit, dès le début, son bâton de pèlerin, en multipliant les voyages, lançant la « nouvelle évangélisation » etcréant le rendez-vous régulier des Journées mondiales de la jeunesse.
L’ancien archevêque de Cracovie, qui avait tenu tête au pouvoir communiste, se fit un ardent défenseur de la paix et des libertés. Il s’opposa aux « aventures sans retour » des guerres et convia les leaders religieux à venir prier à Assise. Il fut aussi l’artisan de la réconciliation avec les juifs, « nos frères préférés et aînés ».
Sa demande de pardon, devant le Mur des lamentations à Jérusalem, couronna ses démarches de repentance de l’Église. La paix se construisant par la justice, Jean-Paul II se fit le héraut des droits de l’homme, s’élevant régulièrement contre les violences sociales. Mais il fut aussi un pape de convictions, sûr d’une « vérité qui nous rend libres ».
D’où ses fortes exigences égrenées au fil de ses nombreuses encycliques et à travers son combat inlassable pour le respect de la vie, de la naissance jusqu’à la mort. Affaibli par l’attentat du 13 mai 1981 puis la maladie de Parkinson, Jean- Paul II s’est éteint le 2 avril 2005. Son pontificat laisse l’image d’un homme attaché à la Tradition mais soucieux d’une Église ouverte au monde.
Xavier Lecoeur et Dominique Chivot