MAGNIFIQUE JOURNEE
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Mère Teresa, la sainte des « ténèbres
Mère Teresa deviendra une Sainte le 4 septembre 2016
Je serai à Rome ce 4 septembre en communion de prières avec toutes les petites soeurs engagées auprès de Mère Téresa et avec ma soeur Soeur Pierre Marie. Je prendrai avec moi vos intentions de prière si vous en avez à me confier. Sophie
Fondée en 1950 par Mère Teresa dans l’archidiocèse de Calcutta, en Inde, la congrégation des Missionnaires de la Charité compte aujourd’hui 765 maisons dans 138 pays, dont quelques-unes au Canada : Montréal, Québec, Toronto, Winnipeg, Vancouver et St-Paul (Alberta).
Mère Teresa, ombres et lumières d’un modèle
Mère Teresa aurait eu 100 ans le 26 août. Toute la journée, les autorités catholiques indiennes, comme les responsables politiques, ont commémoré l’évènement. Un train « Mother express » arbore désormais les célèbres couleurs, bleu et blanc, de l’uniforme de la religieuse.
Né en 1910 en Albanie dans une famille catholique, elle avait quitté son pays pour rejoindre une communauté religieuse irlandaise en 1928. Arrivée en Inde en 1929, elle a travaillé dans un dispensaire avant de devenir enseignante pour les enfants riches de Calcutta.
Elle y découvre la réalité des quartiers miséreux et, en 1948, obtient du pape Pie XII de quitter sa congrégation pour rejoindre les bidonvilles. Elle s’y installe avec quelques religieuses. Deux ans plus tard naissent les Missionnaires de la Charité, qui ne cesseront de croître grâce au charisme de Mère Teresa et aux soutiens venus du monde entier. En 1979, elle a reçu le Prix Nobel de la Paix. Elle est décédée en 1997.
Béatifiée en 2003 par Jean Paul II, Mère Teresa devrait un jour obtenir le titre de sainte. Pour l’heure, on attend l’authentification d’un second miracle. Selon les experts, les révélations post-mortem de sa « Nuit de la foi » et de ses périodes de doutes ne devraient pas bloquer le processus pour celle qui étaient déjà vue comme une sainte de son vivant.
Politique
Que retenir aujourd’hui de cette grande figure du XXe siècle ? Tout le monde s’accorde sur sa grande générosité et sur son don total pour une population abandonnée qu’elle a mise en lumière. Par ses engagements auprès des mourants, elle a revalorisé la valeur de la mort que l’Occident ne cesse de cacher. Mère Teresa fut à l’origine de nombreuses vocations à l’engagement humanitaire, bien au-delà du milieu religieux.
Malgré les injustices qu’elle ne cessait de constater, Mère Teresa s’est toujours tenue à l’écart des questions politiques. « La politique ne me préoccupe pas. Mieux, je n’ai pas le temps de me préoccuper de thèmes touchant à la politique. Tout le monde le sait. Je me trompe? En tous cas, je préfère me tromper, mais rester dans la charité. »
Elle exprimait même une certaine défiance vis-à-vis des responsables publiques. « J’ai la conviction que les politiques passent peu de temps à genoux. Je suis convaincue qu’ils rempliraient beaucoup mieux leur tâche s’ils le faisaient ».
Pour elle, la solution aux maux de notre époque était simple : « Que pouvez-vous faire pour promouvoir la paix dans le monde? Rentrez chez vous et aimez votre famille! ».
Quand on est une figure morale mondiale, peut-on s’exonérer d’une pensée politique ? Sans doute peut-on voir ici la première faiblesse du parcours de la religieuse. On lui a également reproché sa trop grande proximité avec le PèreJean-Bertrand Aristide, espoir du peuple haïtien noyé dans la corruption.
Famille
La seconde écharde dans le parcours de la « sainte de Calcutta » est sa conception de la famille. Certes, ses positions – éloge de la famille traditionnelle, condamnation de l’avortement et de la contraception autre que naturelle – sont dans la droite ligne du discours catholique romain. Mais dans le contexte de l’extrême misère et dans un pays dont la grande priorité était alors la régulation des naissances, la parole de Mère Teresa dans ce domaine a, sans doute, eu des conséquences néfastes.
En 1995 à Pékin, lors de Conférence mondiale des Femmes, elle a abordé le don de la maternité : « Ce don peut être détruit, spécialement par le mal de l’avortement, mais aussi par la pensée qu’il y a des choses plus importantes qu’aimer : la carrière, le travail à l’extérieur du foyer. »
Il n’est pas nécessaire d’être une féministe chevronnée pour voir là une vision de la femme pour le moins restreinte. Elle écrivait également, comme pour enfoncer le clou : « La femme a été créée pour aimer et être aimée. La femme est le centre de la famille. S’il existe aujourd’hui des problèmes graves, c’est parce que la femme a délaissé sa place au sein de la famille. »
Dans ce cadre de pensée, sa dénonciation de l’avortement, réaffirmée notamment lors de son discours de réception du Prix Nobel, paraît logique. Peut-elle aurait-elle pu éviter d’en rajouter en maintenant cette interdiction même dans les cas les plus extrêmes, comme le viol (1994, Conférence internationale sur la population au Caire).
Soeur Emmanuelle
Mère Teresa était bien consciente de la nécessité de réguler les naissances, mais ne tolérait que la méthode « naturelle », encore prônée aujourd’hui par le Vatican et dont on connaît les limites de fiabilité et la difficulté concrète. Pour elle, « une fois l’amour vivant détruit par la contraception, l’avortement suit facilement. »
Cette vision des choses semble d’ailleurs en retard sur les textes officiels de l’Eglise, lesquels reconnaissent depuis longtemps la valeur intrinsèque de l’acte sexuel indépendamment du projet d’avoir un enfant. On notera que sa « rivale » dans le cœur des Français, Sœur Emmanuelle (1908-2008), tenait un discours bien plus responsable pour lutter contre les naissances trop nombreuses et la propagation du sida.
Mère Teresa semble aujourd’hui être le plus bel exemple d’un engagement de charité qui n’a pas su ou voulu prendre le virage de la fin du XXème siècle. En s’occupant exclusivement de soigner des victimes, sans chercher à agir sur les structures – ce que les grandes ONG nomment aujourd’hui « le plaidoyer » -, elle a sans doute manqué l’occasion d’être une prophétesse pour le XXIème siècle et les suivants.